Politique

Processus Électoraux

En 1992, après la signature des accords de la Baule et sous la pression de la communauté internationale, Obiang accepta la légalisation des partis politiques. 13 partis politiques furent légalisés et se regroupèrent dans une Plate-forme d’opposition conjointe (POC). Mais au lieu de conclure le pacte national prévu, le régime d’Obiang a tenté de capter plusieurs petits partis politiques qui devinrent des satellites du parti d’Obiang, le PDGE, et il décida unilatéralement de convoquer des élections législatives, le 21 novembre 1993. La POC décida de les boycotter, mais les petits partis satellites y participèrent, ce qui permit d’Obiang de justifier l’organisation d’élections « multipartistes ». Malgré la forte abstention de 70%, le PDGE remporta 68 sièges au parlement, laissant six sièges au reste des petits partis satellites.

Cette période d’installation du multipartisme a été accompagnée de répression politique contre l’opposition et ses militants : tortures, assassinats, intimidations, et même menaces faites aux diplomates et membres d’organismes internationaux.

John Bennet Ambassadeur des États-Unis en Guinée Équatoriale de 1991 à 1994, et l’ambassadeur d’Espagne ont eux même reçu des menaces de mort de la part du régime. Les ONG de défense de droits de l’homme, le département d’Etat américain, la presse internationale ne cessent de dénoncer toutes ces manipulations. Ainsi est née la « démocrature » (une dictature camouflée en démocratie) qu’Obiang a nommé « essai démocratique » et qui perdure jusqu’à nos jours.

Les seules élections à peu près transparentes qui ont été organisées en Guinée Équatoriale, sont les municipales de 1995 dans lesquelles la POC remporta la victoire dans les deux grandes villes du pays. Obiang refusa d’admettre les résultats et donna au parti d’opposition Convergence pour la Démocratie sociale (CPDS), un seul siège sur les 100 membres que comptait le parlement.

Dès lors, toutes les élections ont été organisées sans observateurs internationaux , les listes électorales faussées, avec des votes multiples et autres irrégularités, qui ont permis au président Obiang d’être réélu avec des scores dignes des régimes totalitaires : 97,85% en 1996, 97,1% en 2002, 95,37 % en 2009, et à son parti, le Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), de remporter toutes les élections jusqu’à ce jour.

Aujourd’hui, en 2013, le PDGE est quasiment parti unique, la CPDS n’occupant qu’un unique siège à la Chambre des députés, un autre au Sénat, et 5 conseillers municipaux.

Même si la victoire du PDGE était prévisible, lors des récentes élections du 26 mai dernier, celles-ci se sont déroulées dans un climat de terreur . Il a fallu au pouvoir employer des moyens brutaux pour empêcher l’opposition de s’exprimer : déploiement des forces de l’ordre, arrestations d’opposants, licenciements d’enseignants à cause de leur appartenance réelle ou supposée à l’opposition, et, fait inédit, le blocage par l’Etat de l’accès à Facebook et à certains sites de l’opposition »

Opposition démocratique.

La situation de l’opposition démocratique de la Guinée Équatoriale n’a fait que se dégrader dans ces 20 dernières années de démocrature.

Le gouvernement des militaires présidé par Teodoro Obiang qui a renversé le premier président Macias Nguema n’a jamais eu l’intention de démocratiser le pays. Conscient que la perte de pouvoir par voie démocratique conduirait forcément à un Etat de droit et conduirait sur le banc des accusés les auteurs des crimes commis lors de la première dictature.

L’utilisation de la répression comme instrument d’action politique a toujours pesé sur tous ceux qui manifestent de l’opposition au régime. Ce ne qu’après les accords de la Baule et sous la pression des pays donateurs composés principalement de l’Espagne, de la France et des Etats-Unis, les organismes financiers comme le FMI, la Banque Mondiale et les organismes des Nations-Unies qu’Obiang a permis l’installation des partis politiques et le retour d’exil des opposants politiques.

La première grande absente fut l’ANRD (Alliance nationale pour la Restauration Démocratique), le principal parti politique qui avait commencé l’opposition en exil lors de la première dictature. Elle refusa de rentrer au pays faute de garanties sur la volonté réelle d’Obiang et son clan de conduire des réformes politiques.

Mais, on assista alors au retour en Guinée Équatoriale de certains opposants politiques exilés depuis longtemps comme Andres Moises Mba Ada qui fonda le parti politique UP (Union Popular) et Severo Moto Nsa avec le PP (Partido del Progreso), tandis que de jeunes cadres, la plupart issues des université espagnoles, fondèrent de nouveaux partis, comme la CPDS dirigée par Placido Mico Abogo.

Comme partout en Afrique, le phénomène de prolifération des partis politiques toucha aussi la Guinée Equatoriale. Et bien plus qu’ailleurs, puisque plusieurs de ces petits partis se réduisait à leur propre fondateur.

Ces partis politiques avaient cru à la promesse d’Obiang d’une ouverture démocratique, mais, l’année suivante, la découverte du plus grand gisement du pétrole par la compagnie américaine ExxonMobil permit à Obiang de disposer des moyens financiers nécessaires pour acheter certains ralliements. Contre les plus tenaces, il n’hésita pas longtemps à utiliser la répression, les incarcérations, les tortures et les assassinats politiques comme celui de Pedro Motu de l’UP.
En 1995, Obiang organisa de nouvelles élections dont la transparence fut déjà plus douteuse et il s’employa à ruiner les forces d’opposition.

Au final, seule la CPDS parvint à se maintenir dans l’échiquier politique en acceptant de participer à toutes les élections, malgré la fraude massive qui les entachait systématiquement, et son leader, Placido Mico, accepta d’être le seul député dans un parlement de 100 membres, et ceci depuis plus de 15 ans.

Après la mort du leader de l’UP jusqu’à nos jours, Obiang parvint à détruire ce parti politique en le divisant et en poussant à l’exil la part de ces responsables qui s’opposaient réellement à lui.
Le parti PP fut aussi interdit et son leader Severo Motó renvoyé en exil.
Obiang refusa de légaliser le parti politique de l’ethnie bubi, le MAIB, parti à vocation séparatiste et qui réclamaient l’équité des droits pour cette ethnie minoritaire.
De même, le parti politique FDR (Fuerza Democratica Republicana), créé par des fang originaires de Mongomo, la ville natale d’Obiang, fut lui aussi interdit.

Ces deux formations, le MAIB et le FDR, ont subi la plus grande répression de ces dernières années et beaucoup de leurs responsables ont été emprisonné, comme par exemple Felipe Ondo Obiang Alogo, ancien ministre et président du parlement, cofondateur des FDR qui a été arrêté à deux reprises et détenu presque sans interruption de 1997 à 2008.

Il existe autres partis politiques en exil comme CI, UDDS, APGE, USL dont il est difficile de mesurer le véritable poids, car on ignore combien de militants ils représentent.

Parmi les forces politiques d’opposition, on compte également le mouvement politique « MRD Guinée Equatoriale » présidé par Raimundo Ela Nsang, qui a pris la forme d’une association politique en France avec l’objectif de lutter contre le régime en place à travers des moyens non violents.

Une nouvelle coalition politique, CEIBA, est aussi née en Espagne, formée par les partis politiques de l’ethnie minoritaire et par des intellectuels indépendants (tel l’écrivain annobonais Juan Tomas Avila Laurel) qui militent pour un Etat Fédéral.

A l’intérieur du pays, un mouvement de contestation populaire est né récemment hors des partis traditionnels avec la création du Parti de la Justice sociale (PJS), parti d’opposition interdit par le pouvoir et qui a été à l’origine d’un projet de manifestation, le 15 mai dernier. Le gouvernement a réagi avec sa brutalité habituelle en déployant d’importantes forces de police et en incarcérant les organisateurs, notamment les deux femmes fondatrices de ce nouveau parti, Clara Nsegue Eyí, alias « Lola », et Natalia Angue Edjodjomo, elles-mêmes originaires de Mongomo et qui étaient à l’origine de ce mouvement.

En fin de compte, aujourd’hui, et malgré un vernis de multipartisme, la situation réelle est celle d’un régime dominé par un parti unique, celui d’Obiang, le PDGE, comme le autrefois le PUNT de son oncle, Macias Nguema.

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