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Biens Mal Acquis : La CORED se porte partie civile dans deux nouvelles plaintes contre la famille Obiang

La Guinée Equatoriale commémore le 12 octobre de cette année le 50ème anniversaire de son indépendance de l’Espagne. Le régime d’Obiang espère montrer à ses invités venus des quatre coins de la planète qu’il est l’héritier de cette indépendance. A cette occasion, la Coalition restauratrice de l’Etat démocratique (CORED) a envoyé au président Obiang une lettre ouverte. La CORED dénonce l’échec cuisant du régime d’Obiang dans le projet de transformer la Guinée Equatoriale en un pays moderne, et cela malgré les énormes moyens économiques issus de 25 ans d’exploitation pétrolière. La CORED affirme qu’Obiang n’est pas digne de s’approprier la mémoire des pères de l’indépendance.

Comme il apparaît sur deux schémas statistiques de la Banque mondiale[1][2], des crimes sans précédent dans l’histoire moderne de l’humanité au niveau de la proportion du nombre de victimes par rapport au nombre d’habitants, se sont déroulés depuis l’arrivée au pouvoir d’Obiang. De 1970 à 1972, la population de Guinée Equatoriale a connu une diminution visible, à la suite des massacres commis par la dictature militaire avec Obiang comme chefs des armées. Un deuxième graphique, celui de l’évolution du PIB de la Guinée Equatoriale, montre que celui-ci n’a pas impacté la population. Au contraire, la population se trouve actuellement dans un état pire que celui précédent l’exploitation pétrolière.

Dans les massacre commis en Guinée Equatoriale par le clan Obiang, seulement une poignée des pères de l’indépendance sont restés en vie. Leurs descendants ont été réprimés et poussés à l’exil. Dans cette lettre, le président fondateur de la CORED et coordinateur de l’Initiative pour un Gouvernement Alternatif et Démocratique (IGAD), Raimundo Ela Nsang, rappelle à la mémoire d’Obiang, que son père, Raimundo Ela Nve a été un des leaders de l’Indépendance. Celui-ci, entre autres, a fait campagne pour l’oncle d’Obiang, Francisco Macias, et c’est grâce à ce soutien que l’oncle d’Obiang a pu être élu président. Il a ensuite été renversé par son neveu.

A l’occasion des 50 ans de l’Indépendance, la CORED estime que le peuple équato-guinéen a le droit à la vérité et la justice. Elle estime que le futur du pays dépend du bilan du régime d’Obiang. C’est pourquoi, elle propose dès maintenant, de mettre en place un processus de Vérité, Justice et Réconciliation.

En outre, consciente de l’importance des « rêves de pères de l’indépendance », la CORED a décidé de porter son combat politique pour la libération du peuple équato–guinéen sous la forme juridique.

La CORED annonce qu’elle se présente comme partie civile dans deux nouvelles affaires de Biens Mal Acquis : la première, en Espagne impliquant le ministre du pétrole, Gabrile Mbega Obiang, et l’autre affaire, sur la récupération des biens et des 16 millions de Dollars saisis à Teodorin Obiang Nguema au Brésil.

Paris 12 Octobre 2018,

Raimundo Ela Nsang

Président Fondateur de la CORED

Coordinateur de l’IGAD

Email : ren@coredge.org

[1]http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=2&codeStat=NY.GDP.MKTP.CD&codePays=GNQ&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=2&codeStat2=NY.GDP.PCAP.KD&codePays2=GNQ&optionsDetPeriodes=avecNomP&langue=fr

[2]http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=1&codeStat=NY.GDP.MKTP.CD&codePays=GNQ&optionsPeriodes=Aucune&codeTheme2=1&codeStat2=x&codePays2=GNQ&optionsDetPeriodes=avecNomP&langue=fr

 

Communiqué de condamnation et de rejet du récent acte délictueux du « vice-président » de la République de Guinée équatoriale, Teodoro Nguema Obiang Mangue

Le Parti CORED condamne fermement le récent acte délictueux de Teodoro Nguema Obiang, vice-président de la République de Guinée Equatoriale, qui a voulu introduire de façon illégale au Brésil plus de 16 millions d’euros en espèces et en bijoux, finalement saisis par la douane dans un aéroport le vendredi 14 septembre, lors d’une visite non officielle d’une délégation de 11 personnes.

Une fois de plus, Teodoro Nguema Obiang a utilisé son immunité diplomatique pour couvrir ses activités criminelles. Car nous estimons que la police brésilienne a dû procéder à l’arrestation préliminaire de sa personne en plus de la confiscation des biens. En effet, Teodorin Obiang, accusé de mener un train de vie somptueux avec des fonds publics, a été condamné en octobre 2017 à trois ans de prison avec sursis en France pour blanchiment d’argent, lors de ce procès, à la condamnation duquel il a fait appel. L’immunité diplomatique que lui avait concédé son père, le Président Obiang Teodoro Obiang Nguema, en le nommant deuxième vice-président, puis vice-président a été principal argument mise en avant pour contourner les poursuites judiciaires ou les affaiblir.

Malgré cette condamnation, Teodoro Nguema Obiang, n’a pas arrêté ces excès et a continué son train de vie dépensier, alors que la population de Guinée équatoriale se trouve maintenant dans une crise profonde. Depuis que la Guinée équatoriale est rentrée en récession, en raison de la baisse de la production et du prix du pétrole, qui a conduit à la fermeture des entreprises de travaux public, le taux de chômage a explosé, ce qui engendre plus de misère et une violence sans précédente.

Le Parti CORED appelle la communauté internationale à mettre en question l’immunité diplomatique des officiels des Etats comme la Guinée Equatoriale, qui depuis des années accumulent des actes illicites, dans le trafic de drogues ou le blanchiment d’argent. Nous demandons à ce sujet que tous les Etats suivent l’exemple du Brésil et que des fouilles soit systématiquement réalisées lors de l’entrée sur leur territoire de tous les membre de la familles Obiang, membres du gouvernement et diplomates sans tenir compte de couverture d’immunité diplomatique fournies par un Etat comme la Guinée Equatoriale.

Dans ces moments de montée de l’extrême-droite en Europe de l’extrême droite en Europe, plaçant la question de l’immigration en de l’Afrique subsaharienne, son principal argument politique pour gagner des partisans, cet incident montre le pillage et l’appauvrissement auxquels ils sont soumis certains pays africains, dont les populations sont obligées d’émigrer, principalement en Europe.

Par conséquent, le parti CORED demande à l’Union européenne et à ses États membres aux gouvernement progressistes d’exercer des pressions sur les membres du gouvernement équato-guinéen et la famille Obiang, en adoptant des mesures telles que le refus de visa d’entrée dans l’Union Européenne et le blocage des comptes bancaires comme cela a été fait avec le gouvernement du Zimbabwe en 2002.

Nous demandons également à la communauté internationale de prendre en compte les propositions et les initiatives de l’opposition en exil contre le régime d’Obiang, qui réprime l’opposition à l’intérieur du pays et empêche son organisation. Dans cette optique, le parti CORED vient de lancer l’initiative pour une Gouvernement Alternatif et Démocratique (IGAD Guinée Equatoriale), un mouvement politique et social dont le but est de construire un mouvement de pression et de proposition pour la construction d’une nouvelle Guinée Equatoriale.

Paris, 18 Novembre 2018

Raimundo Ela Nsang
Président Fondateur de la CORED
Coordinateur de l’IGAD

Echec de la manœuvre Dialogue National et mise en marche de l’Initiative pour un Gouvernement Alternatif et Démocratique en Guinée Equatoriale.

Le 22 Juillet 2018, le gouvernement de la Guinée Equatoriale a clôturé le Dialogue National avec le refus de deux des « principaux partis politiques d’opposition de l’intérieur du pays » le CPDS et l’UCD de signer le manifeste final.

Depuis le jour même du début de ce Dialogue National, le Parti CORED avait déjà la preuve que ce Dialogue National n’était qu’une autre opération de communication de la Dictature d’Obiang pour laver son image, faire montre d’ouverture et pour attirer les opposant les plus virulents à l’intérieur du pays afin de les neutraliser.

En effet, dans le communiqué final de notre conférence de presse de présentation d’un nouveau mouvement politique et de société civile (IGAD) a Paris le 10 juillet 2018, nous avons annoncé notre volonté de participer au Dialogue National par vidéoconférence en faisant le parallèle  avec la vidéoconférence que le fils d’Obiang avait réalisé pour être entendu par les juges français.

À la suite de cette annonce, le gouvernement a réagi en délégant son ambassadeur à Paris afin de prendre contact avec nous pour discuter des conditions de notre participation par vidéoconférence. L’ambassadeur nous a fait une demande formelle de rendez-vous à laquelle nous avions répondu en fixant le rendez-vous le lundi 16 Juillet au café de la Paix à Paris à 15h30. Nous nous y sommes rendus, l’ambassadeur n’est finalement pas venu au rendez, selon nos informations, par ordre de Malabo car ils se sont rendu compte qu’ils allaient nous ouvrir une fenêtre pour s’exprimer au peuple depuis l’étranger. Nous joignons à ce communiqué les documents d’échange avec l’ambassade de Guinée Equatoriale pour montrer le manque de sérieux de ce régime et  sa nature manipulatrice.

La conclusion de ce Dialogue National et les évènements qui ont succédé sont la démonstration  paroxystique de la non-existence de l’Etat de droit en Guinée Equatoriale.

Le président Obiang, en l’espace d’un mois, convoque le Dialogue National,  déclare une loi d’amnistie qu’il n’exécute pas, (à l’exception d’une seule prisonnière politique à la demande d’un parti politique durant le dialogue). Or le jour même  du début du Dialogue National, sans mandatement judicaire, 10 fonctionnaires du ministère de la justice sont arrêtés, parmi eux 4 magistrats : ils passent plus de 72 heures en détention sans qu’aucune charge soit retenue contre eux. Suite à  refus d’assistance médicale, un magistrat, Jose Esono Ndong Bidang, meut en détention. Tout ceci avec la présence dans le pays des observateurs internationaux, notamment le représentant des Nations Unis pour l’Afrique Centrale et le chargé des droits humains de l’Union Africaine !

Ces nouvelles manœuvres montrent à quel point le régime d’Obiang ne peut plus conduire une normalisation politique en Guinée Equatoriale, et que les luttes intestines claniques pour la conservation du pouvoir vont conduire à déstabilisation du pays si rien n’est fait.

Dans ces circonstances, l’Initiative pour un Gouvernement Alternative et Démocratique (IGAD) va se mettre en marche pour jouer son rôle dans la mobilisation nationale et internationale pour venir à bout au régime Obiang et travailler pour la construction d’un nouvel Etat de Guinée Equatoriale.

Paris le 25 juillet 2018

Raimundo Ela Nsang

Président Fondateur de la CORED
Coordinateur de l’IGAD

Aggravation de la crise politique du régime d’Obiang

Communiqué

La CORED dénonce l’aggravation de la crise politique du régime d’Obiang en Guinée Equatoriale. Après avoir déjoué une tentative de coup d’Etat fin décembre de 2017, qui visait à la neutralisation du président lors de son séjour familial à Mongomo, le régime de Teodoro Obiang se trouve dans une impasse politique sans précédent.

D’un côté, se déroule une guerre de succession interne au pouvoir.  Une partie du clan présidentiel, qui s’oppose au transfert du pouvoir au fils d’Obiang, Teodorin Obiang, a participé à l’élaboration de la récente tentative de prise de pouvoir par la force.

D’un autre côté, cette crise met sous les projecteurs la réalité du parti unique de fait. Le pouvoir venait de concéder un unique député à l’opposition, mais le parti Citoyens pour l’Innovation à qui est censé appartenir ce député refuse de l’accepter. Cela explique la répression qui s’abat actuellement sur ce parti politique. En effet, Téodoro Obiang mène, depuis les élections législatives de novembre 2017, une campagne de répression à l’encontre des militants du Parti CI, une répression qui vient de faire une première victime, Santiago Ebee Ela, décédé au commissariat central de Malabo à la suite de tortures infligées par les forces de sécurité. A propos des arrestations, dans une interview le 17 janvier sur RFI et France24, le chef de l’Etat nie d’abord que la mort soit le fait de tortures et reconnait l’existence d’au moins 20 prisonniers du Parti politique CI dans tout le pays. Sur internet, le monde a pu voir ces images de la torture mortelle infligée à Santiago Ebee Ela, un aperçu des nombreux crimes politiques commis par le clan au pouvoir qui terroriste la population depuis l’indépendance du pays il y a presque 50 ans.

Le président Obiang, n’admet pas l’existence de la crise liée à sa longévité au pouvoir et à son projet de transfert monarchique du pouvoir. Le pouvoir en profite pour continuer de s’attaquer à l’opposition démocratique, en tentant d’impliquer les opposants qui n’ont rien à voir avec les événements et qui pourraient le menacer à plus long terme.  Par ailleurs, les événements impliquent de soi-disant opposants en exil qui se font appeler « Coalition CORED » et dont les actions n’ont jamais amené des progrès vers la libération du pays de la dictature.

A la suite de ces événements, la CORED :

  • Condamne la tentative de coup d’Etat, tentative de ‘révolution de palais’, contraire à la démarche non-violente pour une restauration démocratique à laquelle nous travaillons, à la manière des pères de l’indépendance,
  • Condamne les tortures, l’assassinat politique Santiago Ebee Ela, la répression continuelle contre l’opposition démocratique, et la désorganisation de cette opposition à la suite à la tentative de coup d’Etat,
  • Condamne les manipulations du régime, qui ne souhaite pas dévoiler les noms de toutes personnalités du clan au pouvoir impliquées,
  • Exprime la profonde déception du peuple de l’Equato-Guinéen concernant la visite de représentant de Nations- Unies, François Lounceny Fall, qui a déclaré que les Nations-Unies allaient soutenir la Guinée Equatoriale dans ces efforts de stabilisation sans avoir rencontré l’opposition interne, permettant au régime de présenter les Nations-Unies comme un soutien de leur politique répressive,
  • S’inquiète de l’élection de la Guinée Equatoriale au Conseil de Sécurité de l’Onu, qui démontre la persistance des dysfonctionnements de l’Onu sur la question des régimes non-démocratiques,
  • Rappelle qu’en l’absence de démocratisation, le peuple Equato-Guinéen qui ne verra plus d’issue possible avec le régime et qu’il existe un risque important de déstabilisation du pays dans un affrontement violent pour la succession au pouvoir,
  • Demande à l’ONU d’agir pour l’Etat de droit et la démocratisation rapide de la Guinée Equatoriale.

Paris, 19 Janvier 2018

après le procès des Biens mal acquis en France, des élections saugrenues augurant d’une monarchisation

Guinée Equatoriale : après le procès des Biens mal acquis en France,

des élections saugrenues augurant d’une monarchisation.

Communiqué du Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique,

Paris, 16 novembre 2017

Le 12 novembre ont été organisées des « élections » législatives, sénatoriales et municipales en Guinée Equatoriale. Dans ce pays, le processus de démocratisation n’a pas avancé depuis l’arrivée formelle du multipartisme en 1991. Les conditions de déroulement d’une élection sont si peu présentes, qu’il ne se distingue aucun processus électoral, comme il en existe dans de nombreuses dictatures d’Afrique. Il ne s’agit pas de détournement de processus électoral en amont mais d’absence de processus électoral. Le terme des mandats des députés étaient en mai 2018, et, par surprise, en septembre 2017, le chef de l’Etat a annoncé par décret le 16 septembre, une date du scrutin moins de 2 mois après. Il n’est pas question de Commission électorale indépendante. Aucune condition pour une élection démocratique n’est présente, aucune condition pour des progrès en dictature autour d’un rapport de force n’est non plus présente.

Internet a été coupé le jour du vote, et les réseaux sociaux ont été bloqué le 27 octobre. Les fraudes qui ont été observées le jour du vote et à la compilation des résultats, par exemple l’absence de bulletins de votes ou le bourrage d’urnes, ne constituent qu’une partie émergée d’iceberg, des symptômes de l’état du régime et de son fonctionnement en temps normal. En termes de niveau de répression et d’absence de liberté, le régime équato-guinéen se situe dans les pires de la vingtaine de dictatures d’Afrique. Ce haut niveau s’observe dans l’absence totale de vie syndicale, de presse indépendante, d’organisations de la société civile, et de tout contre-pouvoir. La répression est permanente et brutale, elle est cependant peu visible de l’extérieur car le principe en œuvre est de tuer à leur démarrage toutes les tentatives d’organisations émancipées du pouvoir. Le système a ainsi été figé et est devenu internationalement silencieux.

Après les boycotts des démocrates dans les années 1990, comme dans d’autres dictatures, des partis d’opposition ont tenté dans les années 2000 de participer en espérant obtenir quelques avancées. Mais le président Téodoro Obiang Nguema est en Afrique le meilleur spécialiste de la désorganisation de l’opposition. Il n’a pas interdit les partis comme le roi du Swaziland, n’a pas supprimé les élections comme le dictateur d’Erythrée. Dans une absence totale d’Etat de droit, avec l’aide de l’argent du pétrole, il manœuvre constamment pour empêcher l’opposition d’exister.

La coalition de l’Union du centre droit (UCD) et de la Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), et le parti Citoyens pour l’innovation (CI)[1], n’ont pas les moyens et les opportunités pour obtenir autre chose que des miettes. Téodoro Obiang Nguema a également empêché une opposition en exil en Europe de s’organiser. La Coalition d’opposition pour la Restauration d’un Etat Démocratique en Guinée Equatoriale créée fin 2013 a dénoncé lors du procès des Biens mal acquis les manœuvres du pouvoir pour l’affaiblir au travers d’une fausse coalition de même nom.

L’Union africaine a trouvé un ancien premier ministre rwandais, Pierre Habumuremyi, pour venir endosser la complicité d’un crime électoral, comme chef d’une fausse mission d’observation. Après sa participation, au travers de fausses missions d’observations électorales, aux inversions de résultats de la présidentielle au Tchad et à Djibouti en avril 2017, puis au travers de l’action de son président Idriss Déby au niveau de la Cour constitutionnelle, à l’inversion de résultat de la présidentielle du Gabon en septembre 2016, l’Ua confirme son rôle actuel prépondérant dans le maintien des régimes dictatoriaux au moment des élections.

Le scrutin de novembre 2017 en Guinée Equatoriale se déroule en plein processus de monarchisation qui s’accélère. Au pouvoir depuis son coup d’Etat en 1979, Téodoro Obiang Nguema terminera son troisième et dernier mandat en 2023, après avoir imposé sans aucun débat une limitation à deux mandats non-rétroactive après la modification de la constitution en 2011, ce que n’arrive pas à imposer aujourd’hui Faure Gnassingbé au Togo. Cette réforme de 2011 a créé également le Sénat et le poste de vice-président taillé sur mesure pour son fils Téodorin. Le chef de l’Etat prépare le transfert du pouvoir à son fils. Le signal donné est celui d’une volonté d’accélération. Cette probable transmission de pouvoir enfermera le pays dans une impasse politique qui risque d’aboutir dans quelques années à une nouvelle crise en Afrique centrale.

En France, le procès des Biens mal acquis s’est achevé le 27 octobre 2017 par une condamnation de 3 ans de prison avec sursis et 30 millions d’Euros d’amende, également avec sursis, à l’encontre de Téodoro Nguema Obiang Mangue, dit Téodorin. Ce procès a mis en exergue l’irresponsabilité de la famille Obiang. Téodorin, qui a fait appel de la décision, apparaît aux yeux du monde entier comme un simple criminel. Malheureusement, si l’image internationale s’est détériorée, le régime reste solidement structuré autour de la production de pétrole. Sans pression internationale, la population de Guinée Equatoriale est abandonnée entre les mains d’une famille. Les élections du 12 novembre 2017 renforcent son désespoir juste après le verdict du procès des Biens mal acquis.

En plein débat sur les processus électoraux en démocratie fragile au Kenya et au Libéria, à quelques jours du sommet Union africaine – Union européenne d’Abidjan, les législatives du 12 novembre en Guinée Equatoriale rappellent à quel point la question des processus électoraux en Afrique pose problème. D’un côté, les dictateurs continuent d’utiliser l’Ua comme outil d’aide à l’organisation de fausses élections, d’un autre côté, l’Ue, après son importante action au Gabon en 2016, risque de se voir refuser toute intervention en dictature et de devoir se contenter du renforcement des processus électoraux en démocratie fragile. S’il doit y avoir discussion sur le sujet dans l’optique d’une renégociation des accords de Cotonou dont dépend l’utilisation de l’aide européenne, derrière les discours diplomatiques apaisés, les positions sont pour l’instant très éloignées. Le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique attend du sommet Ua-Ue des avancées clairement exprimées qui puisse redonner de l’espoir aux peuples africains prisonniers des régimes dictatoriaux.

A l’occasion des « élections » du 12 novembre, le Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique demande au gouvernement français et à l’Union européenne de dénoncer l’absence de démocratie et d’Etat de droit en Guinée Equatoriale et de soutenir dans ce pays l’émergence d’une expression démocratique.

Collectif de Solidarité avec les Luttes Sociales et Politiques en Afrique,

Paris, 16 novembre 2017

11 signataires : Coalition d’Opposition pour la Restauration d’un Etat Démocratique (CORED, Guinée Equatoriale), Réseau des Organisations Libres de la Société Civile du Gabon (ROLBG), Ça suffit comme cà ! (Gabon), Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD, Congo Brazzaville), Alliance Nationale pour le Changement Ile-de-France (ANC-IDF, Togo), Alliance Républicaine pour le Développement (ARD, Djibouti), Union pour le Salut National (USN, Djibouti), Forces vives tchadiennes en éxil, Amicale panafricaine, Parti de Gauche, Europe Ecologie les Verts (EELV).

Guinée Equatoriale : les grandes dates de la vie politique depuis 1990

Téodoro Obiang Nguema est arrivé au pouvoir par un coup d’État le 3 août 1979.

16 novembre 1991 : référendum constitutionnel pour introduction du multipartisme, sans limitation de nombre de mandats de 7 ans : oui 98.36%.

21 novembre 1993 : législatives, boycott de la coalition Plateforme de l’Opposition Conjointe (POC) : Parti démocratique de la Guinée équatoriale (PDGE) 69.79% et 68 sièges sur 80.

17 septembre 1995 : locales-municipales, fraudes du PDGE puis arrestations, seul scrutin perdu par Obiang, gagné par la coalition Plateforme de l’Opposition Conjointe (POC) qui a gagné plusieurs villes dont Malabo. Les fraudes et la répression entrainent le boycott de la présidentielle en février 1996.

25 février 1996 : présidentielle, boycott de la coalition Plateforme de l’Opposition Conjointe (POC) : Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (PDGE) 179 592 voix = 97.85%.

7 mars 1999 : législatives : Parti démocratique de la Guinée équatoriale (PDGE) 85.52% et 75 sièges sur 80.

28 mai 2000 : locales : PDGE : 30 municipalités sur 30 avec plus de 95% des votes.

15 décembre 2002 : présidentielle : Téodoro Obiang Nguema Mbasogo (PDGE) 204 367 voix = 97.06%.

25 avril 2004 : législatives : Parti démocratique de la Guinée équatoriale (PDGE) et alliés :91.82%, 98 sièges sur 100 dont PDGE 68

25 avril 2004 : locales

4 mai 2008 : législatives : Parti démocratique de la Guinée équatoriale (PDGE) et alliés : 99 sièges sur 100 dont PDGE 89.

4 mai 2008 : locales

29 novembre 2009 : présidentielle : Téodoro Obiang Nguema Mbasogo (PDGE) 95,76%.

13 novembre 2011 : référendum constitutionnel : ajout limitation 2 mandats de 7 ans + vice-président + Sénat : oui 97.73%

26 mai 2013 : législatives (Chambre des Représentants du peuple ) : désorganisation opposition, fraudes pendant vote, bourrage urnes: PDGE 89/100, Convergence pour la démocratie sociale (CPDS) : 1 (Placido Mico), APGE : 0, CPDS revendique 17 siègesCollectif de Solidarité… Afrique.

26 mai 2013 sénatoriales : PDGE 54/55 Convergence pour la démocratie sociale (CPDS) : 1.

26 mai 2013 : locales-municipales PDGE 327, CPDS : 5.

24 avril 2016 : présidentielle : avancée par surprise sans raison officielle, boycott opposition réelle, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo 93,7%.

–        12 novembre 2017 : législatives, avancées par surprise de mai 2018 sans raison officielle, désorganisation de l’opposition (Cored), exclusion Gabriel Nse Obiang leader de Citoyens pour l’innovation (CI) mais CI et UCD et CPDS participent (pas de boycott).

–        12 novembre 2017 : locales

–        12 novembre 2017 : sénatoriales

Source:

Guinée Equatoriale : après le procès des BMA, des élections saugrenues augurant d’une monarchisation

Verdict du process de Bien Mal Acquis de Téodorin Obiang

Verdict du process de Bien Mal Acquis de Téodorin Obiang
Communiqué de la Cored, Paris, 30 octobre 2017

Le procès des Biens mal acquis s’est achevé le 27 Octobre 2017 avec une condamnation de 3 ans de prison avec sursis et 30 millions d’Euros d’amende à l’encontre de Teodoro Nguema Obiang Mangue.

Ce verdict n’a pas conduit à une peine de prison ferme. Sur ce point de déception, le peuple équato-guinéen, assoiffé de justice, peut le considérer, comme une sorte de victoire de la dictature, au regard de l’impunité du régime à l’intérieur du pays et de l’ampleur des crimes économiques.

Cependant, la CORED qui a suivi avec attention les arguments des juges d’instruction, connait la complexité de ce procès tant dans la caractérisation des crimes en droit français qu’au niveau des relations internationales, et tient à féliciter l’ensemble des d’acteurs qui ont contribué à l’aboutissement d’un procès historique, notamment :

–          la partie civile, les associations Transparency International France et Sherpa, qui ont mené avec courage cette procédure, et continue sur les autres affaires sans céder face aux obstacles et aux intimidations,

–           la justice française et les juges en charge du procès, pour avoir su trouver l’angle et les arguments juridiques pour rendre possible ce verdict historique,

–          le gouvernement français, qui a permit le déroulement du procès sans obstacle et n’a pas cédé à la pression diplomatique du régime d’Obiang,

–          la presse internationale, spécialement les journalistes qui ont su informer de l’ampleur des crimes économiques du fils d’Obiang, non seulement en France mais aussi dans d’autres pays.

La CORED se félicite tout particulièrement de la décision des juges de ne pas admettre comme partie civile la fausse CORED, qui avait légalisé une association avec un non dérivé de la CORED, le nom « Coalition CORED » en violations des règles de création d’association en France. La « Coalition CORED » a failli permettre de réussir à l’ultime manœuvre du régime en offrant au régime les arguments pour démontrer que le procès était une manipulation politique avec la fausse CORED comme partie civile, et, ce qui visait à détruire le projet politique de la CORED véritable en créant la confusion et en exposant une lutte interne entre opposants. Le régime continue de désorganiser l’opposition et de faire croire ainsi, qu’il n’y a pas d’alternative. Un dossier de presse a été préparé par la CORED à ce sujet.

Les dirigeants de la fausse CORED, pour amplifier ces faits n’ont pas hésité à s’attaquer personnellement au Président fondateur de la vraie CORED, Raimundo Ela Nsang, réfugié politique en France. De ces faits, il découle que trois procédures judiciaires seront bientôt menées en France contre la fausse CORED, deux étant déjà en cours et la troisième en préparation.

Le procès des Biens mal acquis ouvre la voie à suivre pour d’autres peuples. Il renforce la volonté de l’opposition équato-guinéenne de faire appel à la communauté internationale face à l’irresponsabilité des dirigeants de leur pays. La CORED alerte les gouvernements et acteurs internationaux et africains que la restitution la plus importante pour le peuple équato-guinéen sera celle de la liberté et de l’Etat de droit. Tout autre mécanisme visant à restituer les biens dans un pays où la dictature continuera signifiera malheureusement un échec pour le peuple de la Guinée Equatoriale attendant sa libération.

Paris, le 30 Octobre 2017